Rencontre avec une Un-connue

Bonjour,

J’avais envie de vous partager une histoire qui m’est arrivée il y a quelques jours et qui m’a profondément touchée à plusieurs titres.

J’étais à la Biocoop en train de faire mes courses et j’entends une femme à la caisse qui parle assez fort de politique. Ses propos me font sourire et spontanément je tourne mon regard en sa direction et je lui souris…

Quelques instants plus tard, je sors du magasin et je vois cette femme dehors. Elle se parle toute seule à haute voix. Elle m’interpelle et me dit : J’espère que je ne vous ai pas dérangée. Je m’approche d’elle et je lui réponds : absolument pas

Puis nous commençons à parler, elle me raconte qu’elle vit dans un squat, qu’elle n’arrête pas de se faire insulter, violenter, qu’elle n’en peut plus de vivre ici. Elle a mon âge et sa vie s’est écroulée un jour où elle a perdu son emploi, elle vit des 500 euros qu’elle reçoit chaque mois de l’état. Elle semble fâchée contre la vie, n’attends plus rien de la vie, des gens.

Je l’écoute avec respect et bienveillance.

Je n’ai pas eu beaucoup de mots, car je sais qu’ils auraient été de trop. La seule chose que j’ai pu faire c’est d’être en vraie présence avec elle, voir au delà de ce qu’elle voulait bien me montrer d’elle-même, ce qu’elle croyait d’elle même. En fait je n’ai pas cru un instant qu’elle était cette personne avec les cheveux emmêlés comme des ficelles, la bouche édentée, au ban de la société à la voix rocailleuse qui incite les personnes qu’elle rencontre à l’insulter et la rejeter. Je l’ai vu comme une personne qui avait tout simplement oublié qui elle était vraiment : une belle âme.

Elle me répètera plus de 10 fois au cours de cette conversation : vous avez l’air gentille, vous. Je suis touchée quand elle me dit que cela fait plus de 10 ans qu’elle n’a pas parlé à quelqu’un comme ça tranquillement. J’espère que ce petit moment lui aura permis de voir que le monde n’est peut-être pas aussi mauvais qu’elle ne se l’imagine.

Cette histoire m’inspire plusieurs réflexions :

  • Le monde que l’on voit est le reflet de ce que l’on porte en soi et ce que l’on croit au sujet de soi. Cette femme reçoit du monde extérieur l’extrême violence et la haine qu’elle a envers elle même. Ce qu’elle vit, comme se faire insulter, rejeter, haïr même, reflète la perception qu’elle nourrit vis à vis d’elle même. Quand nous refusons de voir cela en nous, les évènements, les situations extérieures sont là pour nous le rappeler.

 

  • Il y a quelques temps, cette femme m’aurait fait peur. Je ne me serais même pas arrêtée, j’aurais poursuivi mon chemin en toute hâte. Nous sommes si différentes, en apparence. Et pourtant, si l’on s’arrête à ce que l’on voit de l’autre, nous passons à côté de notre humanité. Voir au delà des apparences est la deuxième grande leçon de cette histoire.

 

  • La troisième réflexion est de reconnaître le miracle de l’amour. Savoir s’arrêter, être en vraie présence avec l’autre est d’une grande puissance. Quand nous regardons l’autre avec les yeux de l’amour, au delà des différences, nous ouvrons un espace en lui, une occasion, peut-être qu’il s’autorise à s’aimer davantage.

Avec le coeur !

Sylvie

 

4 Comments

  • Florence

    Reply Reply 31 mai 2017

    Bravo Sylvie
    Quel joli chemin

  • Annie

    Reply Reply 31 mai 2017

    L’autre qui reçoit nos paroles ou juste un regard est juste un miroir où nous pouvons y voir s’il est bienveillant, notre propre humanité. Un sourire, une écoute permettent de désamorcer pas mal de colère. bisous Sylvie.

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