Et si tu respirais tes décisions à pleins poumons ?

Il y a quelques semaines, je vous avais parlé de mon départ imminent vers de nouvelles aventures ici à Bali, et cette fois dans les profondeurs sous-marines. La plupart du temps, la retranscription en mots de mes expériences en compréhension plus large, est immédiate et instantanée. Cette fois-ci, il m’a fallu quelques semaines avant de pouvoir déposer en conscience les nombreux apprentissages que cette expérience a révélé. Je vous préviens ça risque d’être long…

Comme à chaque fois, je suis appelée à donner des détails, car je sais à quel point cela peut être aidant pour ceux qui me lisent. Je le répète à chaque fois, je ne raconte pas cela pour mettre en avant mon expérience personnelle, mais pour illustrer très concrètement les processus de la vie à l’œuvre, pour apprendre à voir l’invisible, pour ne pas rester à la surface des choses, pour faire confiance à cette intuition que nous avons tous, sans exception, et laisser la vie nous offrir les expériences qui nous font grandir, sans y résister.

Pour ceux qui n’avaient pas eu connaissance de mon premier message à ce sujet, je voudrais rapidement replanter le décor. En toute honnêteté, je n’ai jamais été attirée par la plongée ou le snorkeling. Pourtant à l’aise dans l’eau, à aucun moment jusque-là, je n’avais mis cette option dans le champ des envies ou des possibles. Pour tout vous dire, quand je suis allée à Amed en juin dernier, je ne m’étais même pas essayée au snorkeling alors que ce lieu à Bali est l’un des plus réputés. Bref, vous pouvez voir à quel point tout cela était éloigné de mes buts.Et c’est là où j’adore encore plus la magie de la vie, quand elle nous conduit parfois vers des voies auxquelles nous n’avions jamais pensé auparavant. Et d’ailleurs c’est souvent dans ces moments où ces idées saugrenues nous sont murmurées qu’il est le plus important d’y prêter attention car, de toute évidence, elles ne proviennent pas du mental, mais d’un espace plus large.

Ainsi, il y a quelques semaines, j’entends parler pour la première fois de free-diving, en français, plongée en apnée. Enfin pas tout à fait pour la première fois, car comme beaucoup, j’ai été fascinée par le film de Luc Besson «Le grand bleu », mais je n’avais jamais imaginé que cette pratique s’était démocratisée et pouvait être suivie par le commun des mortels. On va dire que ce jour-là, je reçois cette information de façon particulière. Une première graine est semée, une graine du type, tiens, pourquoi pas ? Je n’avais pas de penchant pour la bouteille, mais plonger avec, pour seule aide, notre propre respiration, pourquoi pas… Bref, je n’y ai plus repensé pendant quelques jours… C’est mal connaître les lois de l’Univers si, tôt ou tard, de telles idées ne refont pas surface d’une manière différente et imprévue. Puis, progressivement, une envie soudaine a émergé, une envie d’océan. Je connais ces appels, qui arrivent de nulle part, et qui se font pressants à l’intérieur, même si souvent la tête me somme de ne pas les écouter. Maintenant, j’ai appris à les reconnaître et à ne plus les réfréner, car je sais à chaque fois combien ils sont porteurs de sens. A ce stade, il n’y avait toujours pas de free-diving dans l’équation, juste un élan à aller passer quelques jours au bord de l’océan, rien de plus. Le lendemain, je dîne avec une amie, qui me parle de son ami qui arrive de Amed, où il a passé son brevet de free-diving. 2ème graine. Le jour suivant, je croise une ancienne voisine, et vous savez quoi, elle revient d’Amed, où elle a fait 2 jours de free-diving… Je ris alors en mon for intérieur, car j’aime profondément ces synchronicités en masse, qui nous rappellent que nous sommes téléguidés à chaque instant… C’est décidé, j’y vais. Initialement, je prévois de m’inscrire à un cours pour le samedi et le dimanche. Puis, sans savoir pourquoi, je ne réserve pas tout de suite alors que la date est proche. Entre-temps, ma fille tombe de scooter et se blesse. Elle est alors sur un autre coin de l’île. Je décide de décaler mon voyage d’une journée afin que l’on puisse se voir avant mon départ et être sûre que tout va bien. Je contacte finalement un autre centre de plongée, dont l’amie (du restaurant) m’avait donné les coordonnées. Comme par hasard, le stage démarre le dimanche et non le samedi. Je ne me renseigne même pas sur le contenu, sur ce que ça suppose, bref je fonce parce que tout simplement, je sens qu’à ce moment-là, sans savoir pourquoi, c’est exactement ce dont j’ai besoin… C’est vrai que dans ces moments où la tête pourrait tout reprendre et analyser, j’avoue que mon côté un peu empreint de folie, est utile.Pourtant, je dois l’avouer, j’étais loin de me douter combien cette expérience viendrait me chambouler de l’intérieur, mais surtout ouvrir de nouvelles et magnifiques perspectives…

Donc, quelques jours plus tard, après 2 heures et demi de scooter où ma demande de rester au sec pendant le trajet a visiblement été entendue, je rejoins Amed et le lieu où je vais normalement passer 3 nuits. L’endroit est sympa, mais je sens quelque chose de fermé. D’ailleurs, avec les pluies intenses de ces derniers mois à Amed, la chambre sent un peu la moisissure, normal puisque le bungalow est immergé dans la verdure et ne voit pas beaucoup le soleil. J’ai cette sensation immédiate de suffoquer. La première nuit, alors que je me dirige vers la salle de bain, je suis accueillie par une chauve-souris. Je sais à cet instant que cet animal me demande d’aller regarder, sans en avoir peur, certaines de mes ombres. Je ne vous cache pas qu’il m’a fallu de longues minutes avant d’oser entrer dans la salle de bain, un foulard sur la tête au cas où … (bon j’ai lu après que les chauve-souris qui s’agrippent aux cheveux n’est qu’un mythe…). Bref, le décor était planté.

Le lendemain, je commence donc la formation AIDA (c’est comme cela que l’on appelle le cursus de plongée en apnée) avec la théorie. Puis, la piscine du lieu n’étant pas en service, l’instructeur nous conduit vers un hôtel proche qui nous dit-il, dispose d’une piscine où nous ferons nos premières apnées. A l’instant où je pose les pieds dans l’entrée, je sais que cet endroit ne m’est pas inconnu. Si j’avais voulu le retrouver évidemment, je n’aurais pas pu… Je ne me souvenais pas du nom, ni du lieu exact. Il aura fallu un alignement parfait de circonstances, pour que précisément, je me retrouve à cet endroit, à ce moment-là de ma vie. En montant les escaliers, j’ai déjà en tête ce que je vais trouver en haut. Je connais la forme de la piscine, les bâtiments autour. J’ai le souffle coupé. Il y a presque 8 ans, j’ai dormi dans cet hôtel avec mon amoureux de l’époque. Il est décédé juste avant mon départ à Bali l’an dernier, mais je sens sa présence ici à chacun de mes pas. Je sais que symboliquement, je suis venue lâcher ici les derniers attachements, avec lui, mais aussi tous les anciens liens de dépendance affective en général. Quand nous arrivons, la piscine qui était sensée être nettoyée, est remplie de micro-algues vertes. Je dis à l’instructeur, Yoram, que ça ne va pas être possible pour moi de plonger dans cette eau. Je vois alors mes résistances à m’immerger dans cet ancien pour m’offrir une libération totale et définitive. L’aplomb et la tranquillité de Yoram me convainquent subtilement d’y aller. Après quelques essais en apnée, j’ai oublié les algues vertes qui flottent à la surface de l’eau. Je me surprends à pouvoir retenir mon souffle dans l’eau, à laisser mon mental me dire que si je ne remonte pas à la surface maintenant, je vais mourir. Je suis bluffée par ce souffle qui réside en nous alors que nous pensons ne plus en avoir. L’après-midi, nous expérimentons notre première plongée en mer. Je commence à descendre le long de la corde, mes oreilles me font mal, je remonte. Je commence à ressentir une profonde agitation intérieure, puis je me mets à suffoquer, à sangloter. Bien sûr, je ne continuerai pas la plongée ce jour-là, je laisse ces fortes émotions me traverser sans en chercher les raisons, sans trouver de possibles explications. Je sais simplement que je ne suis pas venue ici par hasard, que le décor s’est créé parfaitement comme ça, afin que je vive cela à ce moment-là.

Avant de poursuivre mon histoire, j’aimerais vous dire pourquoi je vous dis tout cela. Nous avons tous des freins intérieurs liés à des expériences du passé, dans cette vie ou une autre. Si nous acceptons de nous laisser guider, de nous laisser glisser dans le flot de la vie, avec légèreté, nous sommes immensément guidés sur notre route. Les expériences auxquelles nous faisons face, nous montrent à chaque instant les espaces où nous sommes comme désalignés de notre plus profonde sagesse et que nous avons besoin de laisser partir, tout simplement. Nul besoin d’expliquer, de commenter, juste laisser remonter à la surface ce qui doit l’être et le laisser mourir, par une simple expiration.

Le jour suivant, j’ai loué des palmes et un tuba. Je savais intuitivement que mon expérience ne devait pas s’arrêter là, que j’avais encore à poursuivre cette exploration à ma manière. Premiers instants de panique, impossibilité de respirer dans ce tuyau, impression d’étouffer, puis tout a fini par se calmer tranquillement. J’ai vu qu’il n’y avait rien à craindre. J’ai nagé au bord de la rive et là, j’ai découvert la beauté des profondeurs, des poissons multicolores, des coraux magnifiques… j’étais émerveillée, époustouflée. Cela m’a appris que ces profondeurs de nous-mêmes qui nous effraient tant parfois et que nous résistons à voir recèlent de véritables trésors. Le lendemain, j’ai décidé de quitter le bungalow plus tôt, et de m’offrir un lieu ouvert sur l’océan. Instantanément, le soleil est arrivé, j’ai même aperçu ce qui m’a semblé être un dauphin au large. Je savais que je venais de transiter vers un autre monde, un monde où il n’est plus besoin d’un autre ou de circonstances particulières pour respirer, pour vivre, pour être heureux, un monde où nous savons que nous sommes tous reliés à une Source unique et illimitée, un monde où, ce que nous croyons être la noirceur, n’est en réalité que beauté infinie, un monde qui ne demande que notre changement de regard.

Ne soyons pas effrayés de regarder en face ce que nous appelons nos noirceurs, et laissons-nous surprendre par la beauté qu’elles contiennent.

Et toi ? Quel monde as-tu envie de respirer maintenant ? Quel monde te souhaites-tu ? Un monde dans lequel tu te débats, tu combats contre les autres et contre toi-même ? Ou à l’inverse, un monde où tu t’offres la légèreté, la souplesse, la bienveillance, la certitude que tu détiens tes propres cartes ?

Ose respirer cette décision à pleins poumons, parce qu’elle est ton choix, celui que tu fais à présent et que tu imprimes dans chacune de tes cellules. Tu sauras désormais, à chaque fois que tu respireras, que c’est cela que tu veux, profondément, immensément, intensément.

Avec Amour 🌺

Sylvie

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