5ème jour de la diffusion de la nouvelle LE PLONGON…
J’ai avancé doucement, laissant les vagues me taillader les mollets, les genoux, les jambes. Je sentais monter en moi une profonde détermination. Je ne voulais plus fuir le désespoir de ces derniers mois, j’étais prête à plonger dans la douleur complètement. La douleur de l’absence, la douleur du vide, la douleur qui nous saisit comme le froid sibérien de cette eau qui, maintenant, m’arrivait jusqu’au cou. Je n’avais pas voulu affronter cette rage blottie au fond de moi, cette désespérance face au néant. Il était parti. Il ne reviendrait pas. C’est une partie de moi qui s’était envolée. Jusque là, je n’avais pas voulu ressentir l’immense précipice creusé par son départ. J’avais lutté, je baissais maintenant les armes.
Et j’ai plongé, j’ai plongé la tête aussi. Complètement immergée j’ai consenti à m’abandonner, totalement. Ressentir ma chair qui se broie, mes os qui craquèlent, mon corps qui se fond dans la nuit. J’ai plongé. J’ai laissé l’océan charrier mon corps, me secouer sans ménagement, me balloter et puis je me suis laissée couler, couler jusque dans les abîmes. Au plus profond de l’océan, tout était paisible, loin de l’agitation illusoire de la surface. Je suis restée un long moment à en savourer la quiétude. Dans cette présence simple, il n’y avait plus ni chagrin, ni colère, ni abattement. Mon corps était devenu plus léger, comme s’il flottait dans le liquide amniotique du ventre maternel. L’océan de larmes s’était soudain transformé en océan d’amour.
A demain
Sylvie
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