Durant mes 4 premiers mois à Bali, la situation pandémique avait exonéré les étrangers de l’obligation de renouveler les visas, rendant la présence ici très simple. Depuis 2 mois, nous sommes à nouveau tenus de nous soumettre à cette règlementation chaque mois, du moins pour ceux qui, comme moi, ont un visa touristique. J’ai vu combien cela avait été un objet de tension pour moi, jusqu’à ces derniers jours où j’ai pu observer ce qui se tramait en moi et le choix qui était entre mes mains :
vais-je faire dépendre ma paix intérieure d’un visa ? Absurde, n’est-ce pas ?
Mais bon c’est ce que nous faisons en permanence quand nous oublions que nous ne sommes victimes de rien et que nous avons toujours le choix de notre regard, de notre perception.
Il y avait cette voix dans ma tête qui me disait que ce n’était pas très marrant de devoir aller trois fois par mois au service d’immigration à Denpasar. Je sais qu’en prenant un agent, je n’aurais à y aller qu’une seule fois, mais cette option, à chaque fois, avait manqué de fluidité et j’y avais renoncé. Je n’aime pas forcer les choses. J’ai appris à ne plus faire pression. Quand ce n’est pas fluide, ce n’est pas fluide. Cette voix dans ma tête me disait aussi que du jour au lendemain, je pourrais être sommée de prendre un avion et quitter le pays. Là, la tête me disait : où vas-tu aller ? Que vas-tu faire ? Et si cela se trouve, tu vas devoir payer un prix astronomique pour le vol et tu n’auras pas le choix. Bref, comme vous pouvez l’imaginez, tout ceci n’était pas très plaisant.
J’avais pourtant 2 options : soit je me pourrissais la vie chaque mois, c’est à dire la plupart du temps, car mon esprit était accaparé par cette donnée en permanence entre les rendez-vous à l’immigration ou bien je décidais de prendre une autre voie.
Et si aller trois fois par mois à l’immigration avait une raison d’être que tu ne connais pas ? Et si tu y trouvais du plaisir ? Et si cela faisait partie d’un plan dont tu ne connais pas la teneur pour l’instant ? Et si tu faisais confiance ? Et si tu imaginais que tout cela est pour le meilleur ? A quel point serais-tu détendue ? A quel point même te réjouirais-tu de t’y rendre ? Et si tu te frottais les mains et tu laissais tes yeux pétiller à l’idée du merveilleux cadeau qu’est en train de te préparer l’univers ?
Alors oui. J’ai le choix. Demain matin, j’ai à nouveau rendez-vous à l’immigration. Je peux passer une mauvaise soirée, démarrer ma journée en râlant, en grimaçant. Je peux faire la route en maugréant. Je peux patienter dans la salle d’attente avec agacement et espérer que ça va être vite fait. Je peux me plaindre intérieurement de l’inefficacité des autorités indonésiennes. Je peux trouver leurs règles débiles et rentrer épuisée chez moi, en me disant que la semaine prochaine ce sera pareil. Pas très réjouissant, non ?
Oui bien, je peux me lever de bonne humeur en me demandant les surprises que ce jour me promet. Je peux chanter sur la route et ne pas voir le temps passer. Je peux me poser dans la salle d’attente en profitant de ce moment pour m’installer dans ma respiration, et mine de rien, je sais qu’en faisant cela, je peux aussi être une aide pour les personnes autour de moi. Je peux m’arrêter sur la route parce que j’aurais découvert un joli endroit que je n’avais pas vu les autres fois. Je peux rentrer chez moi d’humeur joyeuse.
Et si nous laissions la vie faire, et si nous arrêtions de vouloir contrôler le comment ? Et si nous nous abandonnions dans cette certitude qu’en cultivant ma joie, elle ne pourra jamais me conduire dans une voie sans issue, même si apparemment cela prend une forme inattendue ? Dans quelle mesure somme-nous prêts à nous abandonner pleinement à cette force de vie ?
Cette histoire n’est pas celle de Sylvie, elle n’est pas celle d’un visa. Elle peut être transposée à n’importe quelle situation, où un événement extérieur semble nous faire quitter notre paix.
Avant tout, rappelons-nous ceci, la vie n’est pas un but, elle est un chemin.
Sylvie Retailleau – Coach de Vie – Auteure Inspiration de l’instant – 2 Septembre 2020 –
Auteure des livres, « Virage, la fin d’une tourmente » (Editions le Courrier du Livre) – « Le coeur à l’envers » – « Ma dépression, mon amour » – « Dépression, petit manuel à l’usage de l’entourage –
https://www.facebook.com/Sylvie.Retailleau.Auteure/
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